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Vote électronique en France : langue de bois et entourloupe

machine à voter NEDAPLors de la séance des questions orales au Sénat qui s’est déroulé le 27 janvier 2009, la sénatrice Nicole Borvo Cohen-Seat a interpellé Alain Marleix, secrétaire d'Etat à l'intérieur et aux collectivités territoriales au sujet du vote électronique. La sénatrice lui a demandé s’il pouvait lui indiquer s’il envisageait d'engager un débat sur le vote électronique avant les prochaines échéances électorales de juin 2009.

Evoquant un rapport d’un "comité Théodule" plutôt favorable au développement du vote électronique en France, la seule expectative du Ministère de l’intérieur risque fort probablement de se résumer à recommander de modifier certaines dispositions législatives et réglementaires du Code électoral ainsi que le règlement technique qui leur est applicable afin de faire rendre juridiquement acceptable l’utilisation de ces systèmes de votation sans prendre en compte les exigences d’organisation démocratique des rendez-vous électoraux. Projet de loi qui risque fort probablement d’être soumis aux législateurs qu’après l’échéance électorale des européennes de 2009. En effet, le Ministère de l’intérieur semble vouloir encore jouer la pendule pour ne pas déplaire aux collectivités locales qui se sont hasardées à dépenser des sommes conséquentes dans l’acquisition de matériels antidémocratiques et déjà technologiquement dépassés.

Alain MarleixLors de cette séance des questions parlementaires, Alain Marleix a aussi évoqué le vote par internet en souhaitant un “débat objectif c'est-à-dire éclairé par des avis techniques et scientifiques de haut niveau” (sic) afin de répondre à la problématique de la “fiabilité des systèmes, leur intégrité et leur sécurité, ainsi qu'un niveau élevé de transparence (sont) nécessaires.” (re-sic). Contrairement aux autres pays européens (Irlande, Pays-Bas...), le gouvernement français refusait déjà d’ouvrir un VRAI débat de fond sur la question du vote électronique par l’utilisation des ordinateurs de vote non connectés au réseau internet, se restreignant à balader les groupements de citoyens et d’informaticiens qui, depuis 2004, ont largement mis en avant la régression démocratique introduite par ces systèmes opaques et invérifiables. L’Etat français leur préférant le discours des industriels désireux d’amortir leurs investissements dans ce domaine. Faire croire aujourd’hui à un débat objectif sur la question du vote par internet tient du foutage de gueule de haute volée. A entendre le secrétaire d'Etat à l'intérieur et aux collectivités territoriales considérer le vote traditionnel par urne transparente et bulletins papier comme “désuet” et “obsolète”, on comprend déjà le parti pris intellectuel du Ministère de l’Intérieur.

Désuet et obsolète le vote papier ?
Désuet et obsolète pour les électeurs de vouloir comprendre et contrôler toutes étapes du déroulement des scrutins électoraux ? Désuet et obsolète pour les électeurs de vouloir avoir la certitude que leurs votes soient bien crédités au compte de voix du candidat de leurs choix ? Que Monsieur Marleix ait bien à l’esprit que le droit de contrôle du bon déroulement des élections par les électeurs n’est pas déléguable à un tiers, fusse t-il membre d’une organisation politique concernée par le scrutin en cours ou bien encore à une entreprise privée. La démocratie ne se brade au nom du marché ou de la propension de certains élus à alimenter leur pathologie à courir après des miroirs aux alouettes technologiques en espérant une plus-value médiatique. Que le gouvernement actuel ait enfin le courage politique de poser un moratoire sur l’utilisation du vote électronique pour ouvertement mettre le débat sur la table au lieu de continuer à mettre en scène l’acceptation forcée de l’inacceptable.

Le président Sarkosy se targue de vouloir entendre le peuple français. Alors Monsieur le président, je vous dis aujourd’hui chiche. Vous qui, concernant ce dossier, ne vous êtes pas donné la peine de poser le débat lorsque vous étiez ministre de l’Intérieur. Cela étant, que l’interpellation directe du chef de l’Etat n’exonére en rien les élus locaux déjà concernés par la problématique du vote électronique. Oui, mesdames et messieurs les élu-e-s locaux, prenez l’initiative de poser un moratoire dans votre propre collectivité au lieu de sortir constament le parapluie institutionnel pour évacuer le débat. Le courage politique se mesure aux actes forts et non à l’accumulation des résignations.

 

P&ampeacute;tition pour le maintien du vote papier
Actuellement signatures !

Commentaires

  • Pour anectode le modèle de machines à voter NEDAP ESF 1 (opaques et invérifiables) majoritairement utilisé en France date de 1992 et n'a pratiquement pas évolué. En terme d'obsolescence, l'on ne peut mieux faire. Merci France Election de la transparence que vous affichez sur votre site internet ( http://www.france-election.fr/france-election.php ). L'on comprend pourquoi ces machines ont perdu leur certification aux Pays-Bas où elles étaient fabriquées.

  • L'opacité première du gouvernement réside dans la non publication du "comité Théodule". Si les arguments en faveur du vote électronique étaient si éblouissants, il y a longtemps que ce rapport serait public. Contiendrait il des secrets d'Etat pour rester dans les tiroirs de la république ?

  • Après le désaveu des matériels NEDAP Aux Pays-Bas, Allemagne et en Irlande, notre Ministre Alliot-Marie et son sous-ministre Alain Marleix semblent un peu timide pour s'exprimer désormais sur la question.

    Comme "comité Théodule", il y avait bien la "commission" de complaisance du Forum des droits de l'internet (FDI) pro-vote électronique et pro-discours gouvernemental qui s'était "autosaisie" sur la question alors que personne ne luit avait rien demandée. FDI qui avait pondu de pseudos recommandations dans un pseudo rapport qui fait désormais parti du bétisier du vote électronique :
    http://www.foruminternet.org/IMG/pdf/reco-vote-electronique20080630.pdf

    Pour l'anectode, la société France Election qui distribue les ordinateurs de vote NEDAP en France faisait partie de cette commission de complaisance (sic).

    Isabelle Falque-Pierrotin, du célébre Forum des droits de l'internet, fut nominée en 2007 au Big Brother Awards "pour sa collaboration déterminée à l'évitement de toute évaluation scientifique et contradictoire de l'utilisation du vote électronique en France, et notamment, courant 2007, des machines à voter". Madame Falque-Pierrotin est aussi membre de la CNIL dont le Canard Enchaîné (04 mars 2009) a mis en avant l'accointance avec l'UMP (http://partipirate.org/blog/com.php?id=114) . Bien évidement le FDI est largement subventionné par le ministère de l'Economie, des Finances et de l'Emploi de puis 2001 (1 143 368 euros en 2008).

  • La société France Election distributeur des ordinateurs de vote NEDAP en France est membre de l'association loi 1901 "Forum des droits de l'internet".

    C'est clair que le FDI ne se risquerait pas à faire des recomendations allant à l'encontre des intérêts de l'un de ses membres. Entre personnes de bonne compagnie...

    Lobby soit qui mal y pense. Et en plus grassement sponsorisé par nos impôts.

  • Bonjour,

    Après avoir été censuré hier dans une liste de discussion des agents territoriaux (Apronet/Territorial) où vous vous exprimez aussi, pour avoir signalé un article de Rue 89 sur le même sujet, j'ai répété mon envoi aujourd'hui en réponse à un mèl de votre part où vous signaliez votre propre article : censuré également, par JH, au motif que le sujet pouvait donner lieu à des polémiques politiciennes.

    Vous avez donc eu plus de chance que moi, comme s’il n’appartenait pas à n'importe qui d'aborder ce sujet dans le monde des agents de nos collectivités, ou pire, que ce sont des sujets à ne pas évoquer parce qu’ils prêtent à débat sur les pratiques des collectivités ?

  • Se faire censurer sur Apronet/Territorial est toujours flatteur pour celui qui en est victime.

    Je pense que c'est un sujet qui porte à débat sur les pratiques de certaines collectivités mais aussi sur les pratiques de certains agents territoriaux qui se rendent complice de désinformation auprès des citoyens-électeurs de leur collectivité.

  • Il est parfois plus aisé de débattre avec un élu, que de discuter avec un agent territorial, dont l'influence, ou la capacité de verrouillage, peuvent excéder celle de l'élu.

    Voici l'URL de l'article de Rue 89, postérieur au vôtre. Il a également suscité beaucoup de commentaires : http://www.rue89.com/2009/05/05/vote-en-irlande-les-urnes-a-55-millions-ne-sortent-pas-du-carton

  • Il est aussi fréquent qu'un élu ne veuille jamais reconnaître ses erreurs et ses mauvais choix et persister dans ses errements. Cela dit, je peux concevoir que certains fonctionnaires décident aussi de faire du zéle pour X ou Y raison. En l'occurence en ce qui concerne ce dossier, l'on peut penser qu'utiliser des ordinateurs de vote afin terminer les scrutins à 20h01 et fermer les bureaux de vote à 20h15 peut être un argument suffisament motivant pour ne pas trop se poser de questions.

    Il reste toutefois bon à rappeler qu'un fonctionnaire peut aussi utiliser son droit de retrait afin de ne pas appliquer une consigne d'un élu ou d'un cadre territorial qui porterait atteinte au droit et aux principes de notre Constitution. Après, si des fonctionnaires par leurs choix se rendent complice de l'application des décisions contestables de leurs élu-e-s, qu'ils ne viennent pas se plaindre qu'ils soient eux aussi critiqués en retour par les citoyens.

    Merci Jean-Louis d'avoir mis en avant l'article de Rue89.com. Rue89.com est une publication internet qui relaye d'une façon assez pertinente l'actualité du vote électronique.

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