Les habitants de la Rive-Droite à Brest sont les premiers à avoir compris depuis un bon moment l'inutilité d'un téléphérique entre le plateau des Capucins et le le bas de Siam. Projet qui n'apporterait rien de nouveau dans leur vie quotidienne en matière de transport en commun. Quand un conseiller municipal vous offre les éléments de compréhension de son inutilité, on ne peut que s'en saisir.
Samedi 5 avril se déroulait donc à Brest le conseil municipal qui allait procéder à l'élection du maire suite au scrutin municipal du 23 mars. Fraîchement réélu, le socialiste Thierry Fayret, aficionado du réseau social Tweeter, envoyait le message suivant à ses abonnés :
Il se trouve que Thierry Fayret réside Rive-Droite dans le quartier de Recouvrance, à deux minutes à pied de la station « Saint-Exupéry ». Montre en main, en se calant sur les horaires du tramway, cela ne lui prend qu'une dizaine de minutes en temps de transport pour se rendre à la mairie.
Thierry Fayret aurait bien pu aussi choisir l'option de se rendre en bus place de la Liberté. Cela lui aurait pris que quelques minutes pour se se rendre à pied l'arrêt « Quéliversan » et prendre la ligne 4 en direction du centre ville. La traversée du pont de l'Harteloire en bus n'aurait durer qu'à peine 6 minutes avec une circulation fluide.
D'une manière générale, on peut dire honnêtement que les habitants de Recouvrance ou du Quartier de Quéliversan ne sont pas aujourd'hui les brestois les plus mal desservis à Brest en matière de transports en commun. L'option de vouloir un téléphérique pour traverser la Penfeld apparaît comme un caprice d'enfant gâté sans apporter véritablement de la plus value au regard d'une véritablement problématique de transports en commun.
Là encore, le cas particulier de Thierry Fayret participe à la démonstration. Qu'aurait donc fait Thierry Fayret si le téléphérique était à Brest une réalité ? Il aurait du pour satisfaire son envie de téléphérique se rendre à pied aux Ateliers des Capucins. De son domicile cela lui aurait pris 9 minutes. Chanceux, Thierry Fayret n'aurait pas eu à attendre sa cabine qui l'aurait alors amené en 3 minutes de l'autre côté de la Penfeld. Il aurait mis alors une petite minute pour rejoindre à pied la station de tramway « Château ». Super coup de bol ce jour là, Thierry Fayret aurait eu juste à sauter dans le tramway qui arrivait en station et qui l'aurait amené à la place de la Liberté en 5 minutes. Dans cette configuration idyllique, au final le trajet de Thierry Fayret aurait donc duré 17 minutes de son portail à la place de la Liberté. Soyons honnête, il arrive parfois d'avoir à attendre les transports en commun. Tout bien pesé, on peut dire que par sa « route touristique » en téléphérique, le conseiller municipal de la Rive-Droite aurait mis une bonne vingtaine de minutes bien tassée soit le double de temps qu'un trajet direct en tramway ! Autant se rendre alors directement à pied de son domicile à la mairie en passant par le pont de l'Harteloire, non ?
Pour seulement 3 minutes pour un tour ne manège au dessus de la Penfeld, la collectivité brestoise peut de fait fort raisonnablement s'épargner de dilapider 20 millions d'euros, n'est ce pas Monsieur Fayret ?
Lire aussi :
- Téléphérique à Brest : un coûteux "promène-couillons" touristique
Commentaires
Cher Monsieur Perrot,
Au-delà des quelques tweet que nous nous sommes échangés hier soir entre « aficionados tweetériens », je souhaitai apporter quelques précisions plus détaillées à votre démonstration.
Premièrement, le tweet que vous cité était une pointe d’humour en attendant le tramway. Je ne prendrai jamais le téléphérique pour aller à la mairie. C’était juste une pique dans un moment de conclusion d’une campagne qui a étonnamment tourné autour d’un téléphérique alors que notre territoire grouille d’autres projets tous aussi importants.
Deuxièmement, le téléphérique n’est pas un projet qui a vocation à être utilisé par les habitants résidant à l’ouest du plateau des Capucins. Les habitants du quartier de Quéliverzan ou du Landais ne sont pas à priori les futurs passagers du téléphérique. Pour se rendre au plateau des Capucins, ils iront à pied et pour aller au centre-ville, ils vont déjà en tramway. Nul besoin d’un téléphérique.
Les futurs passagers de ce projet de téléphérique sont ceux qui viendront, soit à pied du centre-ville, soit en tramway ou bus depuis l’est de l’agglomération, depuis « Brest même » comme on dit.
Troisièmement, vous avez raison sur les chiffres, il faut 6 min en tram pour aller de la station Château à celle de Capucin, puis 7 à 9 min (ça dépend si on le fait dans un sens ou dans l’autre vu la pente) pour rejoindre effectivement le plateau des capucins, via la rue du Carpon.
Avec le téléphérique, cela fera 3 min au lieu de 13 à 15 min. Donc, sur un aller/retour à la future médiathèque des Capucins par exemple, le téléphérique fera gagner environ 20 minutes de trajet … ce n’est pas rien. Il y a des gens qui prennent leur voiture pour moins que cela !
De plus, on réfléchit toujours naturellement en personne valide, mais le téléphérique sera aussi un sérieux atout en terme d’accessibilité pour toutes les personnes se déplaçant plus difficilement, comme l’est déjà le tramway. Je vous conseille la rue du Carpon en fauteuil roulant …
Le téléphérique, dont tout le monde parle comme s’il se suffisait à lui-même, sera la connexion à la ville par l’est de tout le projet des Capucins : habitats comme services et commerces. Du fait de la Penfeld, la connexion ne se fait pas naturellement vers l’est. C’est le sens de ce mode de déplacement dont les caractéristiques correspondent au cahier des charges demandé par la Marine et aussi aux impératifs de minimisation des coûts (comparé à une passerelle mobile, par exemple).
Prenez n’importe quel quartier et bloquer toutes les voies d’accès d’un côté, vous verrez comment réagissent les habitants. Les Capucins ne dérogent pas à cette règle de bon sens. C’est un quartier à fort potentiel, mais qui a le défaut de son insularité géographique (il suffit de regarder sur Google Map pour s’en rendre compte). Soit on ne fait rien et on laisse un cœur de ville en friche, soit on fait un projet, mais on le relie correctement au reste de la ville.
Cordialement.
Monsieur Fayret,
Comme vous l'explicitez le téléphérique brestois a pour vocation que " ...les futurs passagers de ce projet de téléphérique sont ceux qui viendront, soit à pied du centre-ville, soit en tramway ou bus depuis l’est de l’agglomération, depuis « Brest même » comme on dit ". Du coup, fondamentalement si on vient du de l'est de la ville, soit on choissira comme mode de transport le tramway ou le bus. Du coup, comme je l'ai déjà commenté sur une autre note, si on vient , faisons court, de la place de la Liberté ou de plus loin à l'est, le bon sens voudrait que l'on optimise son déplacement en évitant une éventuelle correspondance. En tramway cela me parait évident. En bus, cela demande d'être étudié mais a priori l'intérêt serait que la place de la Liberté soit la zone d'intermodalité pour passer du bus au tramway.
J'adhère par contre sur l'analyse "que Les futurs passagers de ce projet de téléphérique sont ceux qui viendront, ... à pied du centre-ville" ou à mon sens les personnes qui sont déjà rue de Siam (habitat, consommation, loisirs...). En terme de flux potentiels, on aimerait avoir une idée prospective de tels flux dans une journée. En tant qu'habitant de Recouvrance, je serai curieux de telles données car aujourd'hui les flux piétonniers dans le bas de Siam sont assez faibles en début de journée et l'activité commerçante commence à s'y activer qu'en fin de matinée. On peut penser qu'au sein des Capucins il en sera de même. Le téléphérique, se limiterait de fait d'être le moyen de transport des temps de loisir pour habitantEs du centre-ville et des futurs logements des Capucins ? A ce sujet, on peut s'interroger sur l'intérêt d'implanter un second multiplexe aux Capucins alors qu'un équipement similaire existe déjà en centre-ville.
En ce qui concerne les déplacements des personnes à mobilité réduite, c'est bon de rappeler l'existence du service de transport ACCEMO proposé par BIBUS. Service adapté pour les personnes à mobilité réduite. Transports assurés à bord de minibus spécialement équipés. Minibus qui pourront demain déposer les usagers concernés à l'entrée même des Ateliers des Capucins.
Plus globalement, les arguments actuels de la majorité socialiste n'ont pas été convaincants durant cette piteuse campagne des municipales à Brest. A l'exemple de l'argument amené par François Cuillandre comme quoi le téléphérique serait pour faire venir des investisseurs apparait dés lors un peu léger. Vous conviendrez que ce n'est du coup pas aux usagers des transports en commun de financer ce produit d'appel commercial.
Pour nourrir notre échange, j'aimerai avoir une lisibilité sur les augmentations des tarifs des transports en commun dans l'agglomération brestoise dans les années à venir. Le débat sur la gratuité des transports reviendra sur la table tant que les éluEs n'auront pas compris qu'outre de permettre un accès au transport pour toutes et tous, cette solution finançable quoi qu'en pense ses détracteurs libéraux, serait un investissement concret en terme d'image et d'attractivité. Cette révolution ne viendra pas on le sait des socialistes et associés plus attentifs à du bling-bling sans lendemain. Faudra bien se poser la question si Brest ne voit pas sa population redécoller dans les années à venir.
Je suis ouvert à la discussion que je souhaite élargir. Je ne doute pas du changement qu'apportera les Capucins mais vue que abordez la question des friches, je peux vous assurer que les Capucins n'en sera pas une. Comme j'ai évoqué ailleurs c'est surtout la qualité de ce qui s'y déroulera qui nourrira à mon sens l'attractivité du lieu téléphérique ou pas. Et ce n'est une attraction comme un téléférique qui générera cette attractivité. Revenons par ailleurs sur cette notion de friche pour évoquer l'avenir de la rue de Siam si vous le voulez bien. J'avoue que j'ai à l'heure d'aujourd'hui, j'espère me tromper, un mauvais présage là dessus. On le sait, les bibliothèques de la rue de Traverse participent aujourd'hui au passage de personnes extérieures au quartier qui contribuent à la vitalité commerciale de la rue de Siam. Qu'en sera t-il demain avec l'implantation de la future médiathèque des Capucins ? Je n'ai pas d'a priori sur ce transfert connaissant les faiblesses des structures actuelles. J'aimerai par contre connaître les pistes de nouvelles propositions culturelles ou sociales que la municipalité envisage d'amerner en remplacement des bibliothèques de la rue de Traverse pour ne pas restreindre demain ce quartier à une simple zone résidentielle. Je suppose que les habitantEs du centre-ville partagent déjà ce questionnement.