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voie publique

  • Vidéoflicage : LOPPSI soit qui mal y pense

    videosurveillance.jpgA la veille de chaque échéance électorale, les citoyens devront désormais s’habituer au petit couplet gouvernemental liberticide afin de séduire un électorat potentiellement prompt à s’émouvoir à chaque annonce de sordides faits divers relayés dans les médias. Le vote au parlement en ce mois de février 2010 portant sur la loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (LOPPSI 2) ne déroge pas à cette règle de la surenchère d'affichage sécuritaire. Y figure notamment de nouvelles dispositions pour faciliter le déploiement de caméras sur la voie publique. Alors que l’efficacité du vidéoflicage en matière de prévention de la délinquance n’a jamais été démontré en France, bien au contraire, quoi de mieux qu’un autre rapport réalisé en 2009 par les propres services du Ministère de l’Intérieur (sic) pour soutenir une idéologie techno-policière dominante. Pas très sérieux comme méthodologie mais semble t-il suffisant pour contenter des parlementaires godillots plus soucieux de claquer des bottes que d’apporter un regard critique aux propositions de loi qui leurs sont soumis, ceci dans le seul intérêt des industriels du contrôle social qui à tous les coups en tirent bénéfice.

    Si l’on se référe à l’expérience britannique et aux rapports sérieux écrits sur le sujet, il en découlerait que la vidéosurveillance sur la voie publique ou dans les parkings n’aurait pas de réels impacts sur les interpellations et les arrestations d’auteurs de délits. Le vidéoflicage ne faisant que déplacer les lieux où ces délits se déroulent. Quid que la vidéosurveillance s’avérerait totalement inefficace face à des terroristes motivés à commettre des attentats. A contrario, cette volonté de surveillance permanente des populations apparaît pour les citoyens comme une véritable menace pour la liberté d'aller et venir anonymement et le droit à la vie privé.

    Au lieu de continuer de donner l’illusion que la répression préventive sous couvert de solutions technologiques serait une panacée en terme de sûreté publique, il apparaîtrait plus judicieux que nos gouvernants, dans le concret, s’attachent à remettre de l’humain dans les quartiers et les communes afin d’apporter de vraies réponses en terme d’éducation et de prévention. Malheureusement, l’on n’en prend pas le chemin. L’inflation législative de ces dernières années pour camoufler les faillites politiques et sociales des gouvernements successifs le démontre.

    A lire :

    - "Sécurité, mensonges et video"
    par Claude-Marie Vadrot - Politis - jeudi 19 juillet 2007

    - "Souriez vous êtes filmés", l'association

    - Lettre ouverte à Henri Chabert, un homme qui n’a rien à se reprocher - Par Sébastien Thomasson, Grenoble, décembre 2005
    "quand vidéo-surveillance et biométrie resserrent les petites mailles du filet"

  • Voie publique payante : remous en vu pour les collectivités

    A la veille du début de la saison des festivals estivaux, des parlementaires, à l'image du député finistérien Gilbert Le Bris, se sont un peu trop vite précipités dans les médias pour se faire mousser suite à l’adoption de la récente disposition législative autorisant désormais un maire, “dans la limite de deux fois par an à soumettre au paiement d’un droit l’accès des personnes à certaines voies ou à certaines portions de voies ou à certains secteurs de la commune à l’occasion de manifestations culturelles organisées sur la voie publique, sous réserve de la desserte des immeubles riverains.”. Censé s'inscrire dans une démarche de simplification et de clarification du droit, l'article en question inséré dans la loi "fourre tout" du 12 mai 2009 risque de faire vite déchanter les élus locaux face à la complexité technique et administrative qu’induira dans la pratique l’autorisation ainsi accordée à la va-vite.

    festival médiéval - Saint-Renan - Finistère - BretagneAu delà de la rédaction d'un simple arrêté et de la création d'une régie de recettes, les maires auront en effet à réfléchir à deux fois avant de s’engager à mettre en place des mécanismes financiers dont la légalité risque d’être contestable. Il en ressort en effet du rapport Nachbar (Sénat - 6 décembre 2000) qu’un tel droit d’accès s’analyse comme une redevance domaniale permettant l’accès à un service public culturel dont la voie publique se trouve être le support. Redevance ne pouvant de fait être perçue que par la collectivité concernée. Or, le principe budgétaire de non affectation des recettes aux dépenses interdit aux communes d’utiliser les fonds perçus au profit des activités qui y ont donné lieu. Concrètement, la municipalité perceptrice de cette redevance domaniale ne pourrait la reverser directement à l’organisateur de la manifestation en question. On peut être sûr que les Cours des comptes régionales seront désormais attentive aux procédures mises en place par les collectivités pour le reversement de cette redevance domaniale ainsi récoltée. Par ailleurs, ce nouvel article de loi posera désormais d'autres problématiques dont nos vaillants parlementaires ne semblent pas avoir pris soin de prendre en considération. Quel type de contrôles légaux une commune pourra-t-elle mettre en place pour s'assurer la légitimité des personnes souhaitant se rendre sans payer ce droit d'accès chez des personnes habitants dans un immeuble riverain du périmètre soumis à redevance ? Dans le même esprit, quel mécanisme instaurer pour permettre aux clients des commerces riverains afin d'accéder gratuitement à la voirie soumise à un accès payant ? Il est bon d'avoir à l'esprit qu'un maire ne peut déléguer son pouvoir de police à une association ou à une entreprise privée. Au delà des questions sans réponses qu'induisent ce nouvel article de loi, la boîte de Pandore s'avère ouverte. Rien n'empêchera désormais d'autres parlementaires zélés à vouloir étendre un accès payant sur la voie publique à des manifestions autres que culturelles.

    Il n'en demeure pas moins de reconnaître que ces manifestations culturelles participent à l'animation des communes et que leur organisation représente un coût certain pour les collectivités. Cependant, l'idée première de cette loi était de contribuer à pérenniser ces manifestations. On peut s'interroger si l'instauration d'une telle redevance répond bien à cet objectif. Quid aussi de se demander si le fond du problème s'avérerait plutôt être la nature même des ressources des collectivités territoriales. Par ailleurs, l'on s'attendrait de la part d'élus-organisateurs de manifestations qu'ils soient plus soucieux de répondre à l'ambition républicaine de permettre à un plus grand nombre l'accès à la culture au lieu de mettre en place des mesures excluantes. Comme le rappelait fort justement en 2000 madame Catherine Tasca, Ministre de la culture et de la communication à l'intention des sénateurs : "La participation à titre gratuit d'une population nombreuse et motivée va dans le sens de la démocratisation culturelle que nous appelons tous de nos vœux. Prenons garde à ne pas mettre en place des mécanismes qui conduiraient inéluctablement à la mercantilisation de nos arts et de nos traditions populaires.". Tout est dit. Une réflexion par les communes sur la périodicité entre deux éditions de leurs manifestations associée à une annualisation du versement des subventions allouées à ces fêtes contribuerait en grande partie à éviter de telles "privatisation" des voies publiques et pourrait répondre à l'intention initiale de pérennité. L'attractivité des territoires accueillant des festivités gratuites n'en serait d'autant que meilleure. En période de récession économique, c'est sûrement un autre paramètre à prendre en compte.

    Aller plus loin...

    - Loi de clarification et de simplification du droit (voir article 101)

    - Commentaires du site internet Carrefour Local sur la mise en œuvre de l'article 101 de la loi numéro 2009-526 de simplification du droit, concernant la possibilité d'instaurer un droit d'accès payant à certaines voies lors de manifestations culturelles. - 1er juillet 2009

    - Sénat - séance du 25 mars 2009
    Compte-rendu de la discussion sur l'amendement 118 proposé par le sénateur Sueur.

    - Artifices d’une prétendue simplification
    par Geneviève Koubi - jeudi 14 mai 2009
    L. n° 2009-526, 12 mai 2009, simplification, clarification du droit et allègement des procédures

    - Communiqué de presse de l'association bretonne Gouelioù Breizh favorable à l'accès payant à la voie publique lors de l'organisation de manifestations traditionnelles.

    - Brest : Arnaque municipale en vue
    par Chris Perrot - vendredi 27 juin 2008

    - Fêtes maritimes : accès non payant incontournable à Brest
    par Chris Perrot - jeudi 31 août 2006