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politique - Page 56

  • Il était une fois... des urnes transparentes

    Le 1er janvier 1991 l’utilisation d’urnes transparentes devenait obligatoire en France suite à la mise en application de la loi numéro 88-1262 du 30 décembre 1988. Une véritable révolution dans le système électoral français. Tout scrutin ne pourrait désormais se dérouler qu’avec des urnes dont les quatre faces verticales seraient transparentes. La finalité de ce choix était de permettre à tout électeur de pouvoir observer que les urnes étaient réellement vides au début du scrutin. Ce processus de transparence était présenté alors comme un procédé antifraude légitimement compréhensible par tout le corps électoral. On en comprend effectivement le sens. Comme le commentait le journaliste Jean-Pierre Beuve dans Ouest-France du 17 octobre 1990, “...Lors des prochaines consultations électorales, Marianne y verra plus clair.” . A partir du moment où on en s’en donnait la peine, les étapes de l’élection étaient dorénavant contrôlables par le peuple, le système répondant aux exigences de notre Constitution (“gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple”). Cette transparence a perduré jusqu’à aujourd’hui en ce qui concerne les scrutins traditionnels avec bulletin de vote en papier, ceci même si ce système de vote a encore de grandes marges d'amélioration devant lui. Il suffit de s’intéresser à la jurisprudence pour comprendre la portée de la loi du 30 décembre 1988. Pas si loin de nous, suite au référendum du 24 septembre 2000, le Conseil constitutionnel avait annulé le scrutin qui s’était déroulé dans le bureau de vote installé dans la mairie de Biarotte (Landes) car il avait été fait usage d’une urne non transparente en méconnaissance des dispositions de l’article L. 63 du code électoral (Décision du 28 septembre 2000).

    S’attarder sur le côté transparent des urnes traditionnelles permet de mettre en avant le folklore qui sera désormais mis en place par les collectivités pour donner artificiellement l’illusion à la populace d’une soit disante “sécurisation” des différentes étapes d’une élection utilisant des ordinateurs de vote. “Contrôles” dont le peuple est désormais totalement dépossédé. Citoyens qui doivent alors faire aveuglément confiance à des tiers (mandataires des listes en lice et assesseurs) qui ne sont là que pour cautionner une mise en scène dont ils se rendent naïvement (consciemment ?) complices. Quand on sait que l’accès au programme informatique des ordinateurs de vote est refusé à ces tiers (et bien sûr aux citoyens!) en raison de secrets industriels, on aurait de quoi vouloir se rouler par terre de rire si notre démocratie n’était concernée.

    La lecture du magazine municipal de la Ville de Brest “Sillage” numéro 128 (février/mars 2008) permet d'apprécier le comique de la chose. Quand la Ville de Brest indique “donner l’assurance” à tous les responsables de listes et à leurs mandataires “de ne pas utiliser deux fois de suite une même machine dans un bureau”, on comprend bien vite à quel point l’on prend les électeurs pour des imbéciles. A croire que ces chinoiseries de procédures au service d’une pseudo “sécurisation resserrée” (sic) seraient à même de remplacer le principe constitutionnel du contrôle des scrutins par chaque citoyen. Quand on lit toujours dans la revue municipale brestoise tout le pataquès technique et logistique qui sera mis en place à partir de 4h du matin (sic) avec “cellule de maintenance en alerte” (sic) toute la journée du scrutin, là on se dit qu’il y aurait assez de vessies pour éclairer la place de la Concorde un soir de pleine lune. Tout cela pour devoir attendre, “la loi l’impose” (sic), 20h00 pour la diffusion définitive des résultats officiels.

    Le citoyen qui s’intéresse un temps soit peu à ce dossier du vote électronique appréciera la volonté des élus brestois à se conformer à la loi, surtout lorsqu’elle est royalement bafouée lors de l’utilisation de ces ordinateurs de vote (en l’occurence à Brest ceux du fabricant NEDAP). A titre d’exemple pris à peine au hasard, lors des scrutins des 9 et 16 mars prochains, les électeurs brestois ne pourront constater, contrairement au Code électoral, que la reproduction du bulletin de vote correspondant à chaque liste (que la jurisprudence a assimilé au bulletin traditionnel) sur le pupître de vote des ordinateurs NEDAP ne reproduira pas la TOTALITE des noms des membres de chaque liste en lice.

    Ceux qui croyaient encore qu’une élection municipale dans les villes de plus de 3500 habitants s’apparentait à une élection de listes d’individus en seront pour leurs frais. Et encore, je n’imagine pas la situation si dans un bureau de vote un électeur s’autoriserait à contester à la fin du scrutin l’information communiquée par le fameux “ticket de caisse” imprimé par la machine, exigeant dès lors un recomptage manuel de tous les bulletins de vote! J’ai eu beau chercher un soupçon de réponse à cette situation dans la fameuse circulaire ministérielle du 1er février 2008portant sur l’utilisation des machines à voter à l’occasion des élections municipales et cantonales des 9 et 16 mars 2008”, je n’ai rien trouvé en dehors d’un autre pataquès rédactionnel qui a coup sûr sera brandit comme un parapluie institutionnel par les collectivités en cas de problèmes le jour des scrutins. Annoncer à l’électeur exigeant que la machine est “agréée” risque de n’être guère convaincant pour se substituer au recomptage de “bulletins” qui n’ont plus d’existence matérielle. Ainsi soit-il.

    Devrons nous en conséquence demander au législateur de modifier vers le bas le Code électoral pour permettre aux marchands d’ordinateurs de vote de continuer à vendre leurs matériels aux collectivités ou bien l’Etat français fera t-il à nouveau le choix comme en 1988 de privilégier le contrôle citoyen des élections par le retour à une utilisation généralisée d’urnes transparentes dont certains électeurs sont privés depuis déjà quatre longues années?

    Pour l’anecdote, à Brest les urnes transparentes furent acquises pour le “Référendum tramway” de 1990 (qui fait encore débat aujourd’hui) anticipant la mise ne vigueur de la loi de 1988.

  • Municipales 2008 à Brest : un air de campagne

    élections municipales à BrestLes 9 et 16 mars prochains se dérouleront les premier et second tour du scrutin des élections municipales 2008. Afin d'apporter un regard différent et pas pareil sur la campagne brestoise, j'anime depuis plusieurs semaines un blog consacré à cette élection : http://brestmunicipales2008.blogs.letelegramme.com

    Bonne lecture.

  • Livre " Vote électronique : les boîtes noires de la démocratie "

    Les journalistes Perline et Thierry Noisette,viennent de publier un livre d'une centaine de pages intitulé " Vote électronique : les boîtes noires de la démocratie ".

    Je relaye ici le communiqué de presse qui annonce la publication dce cet ouvrage :

    Vote électronique : les boîtes noires de la démocratiePrésenté comme un progrès, le vote électronique a été imposé à un million et demi d'électeurs français lors des scrutins de 2007. Pourtant, les expériences passées incitent à la prudence : en Irlande, par exemple, après 52 millions d'euros de dépenses, le vote électronique a été abandonné. Le suffrage s'est démocratisé au fil du temps, permettant aux citoyens de contrôler de plus en plus précisément la régularité du vote : ce n'est que depuis 1991 que les urnes sont transparentes en France. L'arrivée des ordinateurs de vote "rend opaque ce qui était visible", selon la formule du Conseil constitutionnel. Les votes par ordinateur sont entachés de risques : pannes, bugs, piratages, fraudes indétectables. Contrairement aux votes par bulletin papier, dépouillés publiquement, personne ne peut affirmer que les résultats issus des machines correspondent réellement aux votes effectués. Le vote électronique, imposé sans aucun débat, ni parlementaire ni avec la population, exclut les citoyens du contrôle des urnes. Ce livre souligne, en le remettant dans son contexte historique et international, que le vote électronique n'est pas l'amélioration démocratique qu'ont vendue des docteurs Folamour de l'administration et des marchands de machines de vote. Les auteurs contribuent ainsi au débat dont ont été privés les citoyens de France. "

    Publié sous licence Creative Commons, cet ouvrage est téléchargeable gratuitement sur internet.

    Cet ouvrage de 107 pages peut aussi vous être adressé en version papier (voir les conditions sur le site internet de l'éditeur).

  • Gestion de l'eau : parti pris du PCF pour Véolia

    Bretagne Nouvelle - janvier 2008En lisant le bulletin du mois de janvier 2008 du Comité régional du PCF en Bretagne, plus d'un militant communiste a dû ne pas en croire ses yeux en y trouvant une publicité pour l'opérateur privé Véolia. Avant d’accepter l’argent de Véolia en échange d’espace publicaitaire dans leur bulletin d’expresion politique, les élu-e-s communistes du Conseil régional auraient peut être dû s’intéresser de plus près au positionnement national de leur formation politique qui revendique une maîtrise et une gestion publique de l'eau. Le Parti communiste considérant la gestion privée de l’eau comme une source de profits scandaleux pour les multinationales. Comment pouvoir croire dorénavant à une totale indépendance et à une approche objective des communistes bretons dans les villes confrontées au débat sur le mode de gestion de l'eau. Comment faire confiance à ceux qui appellent à une gestion publique de l'eau en décembre et qui en janvier se fourvoient à faire la promotion des multinationales. A faire constament le grand écart entre les discours et la réalité des pratiques, le PCF breton risque de s'être définitivement abîmé le parti. En ce qui concerne la cité du Ponant et le retour à une éventuelle gestion publique de l'eau, les brestois seraient désormais bien naïfs à donner aujourd'hui un chèque en blanc à ceux qui voudraient noyer le poisson en renvoyant le débat à l'après municipales.

    Bretagne Nouvelle - pub Véolia

    Lire aussi :

    - Christophe Mongermont : « Il existe des relations étroites entre élus et Véolia »

    - Réaction de Madjid Messaoudenne, collaborateur de Patrick Braouzec, président de la Communauté d’agglomération Plaine Commune

    - Brest : Voix d'eau dans la campagne

    - L’eau sous pression citoyenne et politique
    Par Aline Chambras, journaliste - Territoires n°483 - décembre 2007

    - Daoulas abandonne son eau au privé.
    Par Gérard Borvon - www.landerneau-ecologie.org - jeudi 12 mars 2009

  • Souriez vous serez filmés

    Vers une société de surveillance ? ” s’interrogeait en juillet 2007 le journaliste Mikaël Cabon sur son blog. Après un exposé mettant en avant ses doutes sur l’efficacité de tels systèmes liberticides, Mikaël Cabon affichait clairement son sentiment sur la dérive sécuritaire de notre société : “ Contre la paranoïa ambiante, un réseau de caméras ne suffit pas à rassurer. Il étend cette paranoïa à l’ensemble de la population. « Il n’y a pas de fumée sans feu ", dit l’adage populaire. Il n’y a pas de feu sans pyromane non plus. Il est à craindre qu’ici le pyromane soit le pompier lui-même.”.

    Malheureusement à Brest la vidéosurveillance reste une vieille lune de la droite locale. A vouloir séduire une partie de l’électorat de l’UMP, Mikael Cabon devenu tête de liste du MoDem à l’élection municipale, n’hésite pas aujourd'hui à se positionner dorénavant en prescripteur d’une technologie dont il se faisait le détracteur quelques mois plus tôt . “ ...Nous proposerons la mise en place d’un système de vidéo-surveillance, là où c’est nécessaire, avec un système de floutage des visages, afin de ne pas porter atteinte à la liberté individuelle, et de défloutage en cas d’incivilités. ” annonçait dernièrement l’intéressé (Le Télégramme - 21/01/2008) . Comme si un système de floutage des images devait atténuer les atteintes à la vie privé que représentent de telles installations dont la pertinence a été mise en doute dans divers rapports.

    La majorité sortante a beau quant à elle afficher haut et fort son opposition à la vidéosurveillance, la liste Cuillandre devra tout de même clarifier elle aussi ses intentions en la matière. L'on peut en effet lire sur le nouveau site de BMO consacré au projet tramway que "...les stations éclairées la nuit et équipées de caméras de vidéo-surveillance sont directement reliées au poste de commande centralisé pour garantir une intervention rapide en cas de besoin. " Dans un article commentant largement cette petite phrase à l'apect anodine, l'auteur du blog brestois http://tramway.blogs.letelegramme.com n'hésite pas à constater que " le chantier du tram légitimera un début de vidéosurveillance [sur la voie publique] à Brest ".

    Qu'on soit dans la liste de la majorité sortante ou dans celle du MoDem, l'on ne peut prêcher à la fois tout et son contraire. A jouer avec le feu, l'on finit par se brûler les ailes. Les spéculations sécuritaires des uns et des autres risquent encore de faire couler beaucoup d'encre dans le landerneau électoral brestois.