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vote électronique - Page 14

  • Machines à voter : Interview du maire de Brest

    Retranscription de l’interview réalisé par Canal ti zef (télévision associative brestoise) le 28 mars 2004 dans le cadre du deuxième tour des élections cantonales et régionales. Interview diffusé avec le numéro 35 du mois de mai 2004.

    Canal ti zef - Il y a bien sûr le grand débat, on l’a lu dans la presse concernant la désacralisation du vote. Ne croyez-vous pas que le vote est un moment important d’une ville, d’une cité ? Est-ce que l’on ne perd pas quelque chose avec ce vote électronique ?

    François Cuillandre - Non, Ceux qui me disent ça, j’ai envie de leur répondre : C’est bien ce que vous me dites, mais faisiez-vous parti des assesseurs qui tenaient les bureaux de vote ? Je constate qu’ici, on arrive à tenir mais dans de nombreuses villes de France, ce sont les représentants des listes, ou des candidats, ou des employés communaux qui tiennent les bureaux de vote. Faisiez-vous parti des dépouilleurs ? Je ne dois pas le dire mais je le dis quand même, dans les élections passées, on a dû avoir à faire à des assesseurs pour assurer les dépouillements, ce qui est interdit par le Code électoral. Donc, c’est bien de donner de grandes idées ou de donner des leçons, c’est mieux de les appliquer.

    Canal ti zef - Personnellement, j’ai été dépouilleur, je n’ai pas été assesseur. J’ai fait là une expérience intéressante. Je trouve que c’est plus important de communiquer à la population dans ce sens. Ceci dit, il y a une question que l’on se pose aussi sur le contrôle des élections parce qu’avant, avec le vote traditionnel, il y avait le double contrôle au dépouillement, il y avait une double lecture... Comment peut-on faire confiance à une machine ?

    François Cuillandre - Lorsque vous faites un chèque à la banque,... vous payez votre dette par carte bancaire, vous faites confiance, non pas à la banque mais à la machine qui est derrière et qui est agréée. La machine qui nous a servi à organiser ces élections, ce n’est pas une machine que nous avons bidouillé dans notre coin, dans la cave à la mairie. C’est une machine qui est agréée, qui d’une manière accessoire sert aux Pays-Bas depuis des années, et qui a été agréée par le Ministre de l’intérieur. Donc je crois qu’il n’y a pas de raison d’avoir plus de méfiance à la machine qu’à l’urne traditionnelle. Moi je crois que la procédure a été agrée par les instances représentatives de notre démocratie. Il faut faire confiance au système. Je pense que le citoyen lambda qui veut truquer une élection a plus de possibilité de le faire avec l’urne traditionnelle. Cela étant, dans le nord de la Loire, cela ne se pratique pas beaucoup et heureusement. Je n’ai pas de réponse plus précise à donner à cette question. S’il y avait le moindre doute dans notre esprit quant à la fiabilité de ces machines, on ne le ferait pas.

    Canal ti zef - Nous avons un doute justement...

    François Cuillandre - Vous avez un doute... Moi je peux douter qu’il fait beau aujourd’hui, que le soleil se léve à l’est et qu’il se couche à l’ouest. Et je peux dire comme quelqu’un que je connais que la fin du monde est programmée pour les années passées. C’est tout... Qu’est-ce que vous voulez... On peut douter de tout. Il y en a qui doute qu’on est dimanche aujourd’hui... Le Ministre de l’Intérieur s’appelle Nicolas Sarkosy "UMP", moi je m’appelle Cuillandre "PS", si on voulait bidouiller la machine, cela voudrait dire qu’il y a un accord entre le Ministre de l’Intérieur et le maire de Brest... Moi je veux bien qu’on écrive des romans mais enfin, il ne faut pas exagérer... Franchement, je crois que contester la fiabilité de ces machines, c’est aussi contester à la fin du 19 ème siécle que le train pouvait être un outil performant et qu’il rendait malade ceux qui rentraient à l’intérieur... C’est comme ça...


    - Contact : Canal ti zef

  • Vote électronique : recul démocratique à Brest !

    medium_machine_a_voter.2.2.jpgLe contrôle des élections par les citoyens est un droit fondamental qui ne doit pas être remis en cause par une automatisation électronique du processus de vote. Les machines à voter électroniques (à ne pas confondre avec le vote par internet interdit en France) seront imposées aux brestois et aux brestoises pour les prochaines échéances électorales de mars prochain, ceci sans débat préalable. Un tel système ne permettra plus aux citoyens de surveiller le scrutin. Quant à un contrôle a posteriori, il deviendra totalement impossible. Ce n'est pas pour rien, lors de l'expérimentation effectuée dans le quartier de Bellevue à l'occasion des élections européennes de 1999, que les électeurs se situant dans la tranche d'âge des 30-50 ans avaient fait clairement part de leurs réticences face à l'utilisation des machines à voter électroniques. Qui pourra désormais garantir à l'électeur que son "vote électronique" ait bien crédité le compte de voix du candidat de son choix? Qui pourra garantir une totale sincérité des scrutins? Malgré le discours faussement rassurant de M. Masson, premier adjoint au maire, rien aujourd'hui ne peut apporter de totales garanties concernant ce type de machines à voter. Les arguments pronés par la mairie de Brest dans sa campagne de propagande concernant l'acquisition des "machines à voter" ne peuvent être appréciés uniquement au regard du caractère "pratique" dû à la simplification des procédures de vote, ni encore en raison la diminution des frais d'organisation des scrutins pour l'Etat (qui reste à démontrer). S'il est vrai que l'organisation d'une élection a un coût, l'expression de la démocratie n'a pas de prix. A un moment où la classe politique se trouve décribilisée aux yeux de l'opinion publique, une gadgétisation des procédures d'élections associée à une absence de possibilité de contrôle du scrutin par les citoyens ne feront qu'accentuer le clivage entre les élus et les électeurs. Concernant la modification du mode de scrutin pour les élections régionales, les parlementaires socialistes s'étaient déjà associés à l'UMP afin de s'attaquer au pluralisme politique, fondement même de notre démocratie. Aujourd'hui à Brest, après s'être dernièrement illustrée par l'absence de concertation avec la population concernant le choix d'un mode de transport en site propre, avec la mise en place des machines à voter électronique, la municipalité soit disant de gauche, s'engage un peu plus sur la voie du recul démocratique.