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Bretagne - Page 38

  • Il était une fois... des urnes transparentes

    Le 1er janvier 1991 l’utilisation d’urnes transparentes devenait obligatoire en France suite à la mise en application de la loi numéro 88-1262 du 30 décembre 1988. Une véritable révolution dans le système électoral français. Tout scrutin ne pourrait désormais se dérouler qu’avec des urnes dont les quatre faces verticales seraient transparentes. La finalité de ce choix était de permettre à tout électeur de pouvoir observer que les urnes étaient réellement vides au début du scrutin. Ce processus de transparence était présenté alors comme un procédé antifraude légitimement compréhensible par tout le corps électoral. On en comprend effectivement le sens. Comme le commentait le journaliste Jean-Pierre Beuve dans Ouest-France du 17 octobre 1990, “...Lors des prochaines consultations électorales, Marianne y verra plus clair.” . A partir du moment où on en s’en donnait la peine, les étapes de l’élection étaient dorénavant contrôlables par le peuple, le système répondant aux exigences de notre Constitution (“gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple”). Cette transparence a perduré jusqu’à aujourd’hui en ce qui concerne les scrutins traditionnels avec bulletin de vote en papier, ceci même si ce système de vote a encore de grandes marges d'amélioration devant lui. Il suffit de s’intéresser à la jurisprudence pour comprendre la portée de la loi du 30 décembre 1988. Pas si loin de nous, suite au référendum du 24 septembre 2000, le Conseil constitutionnel avait annulé le scrutin qui s’était déroulé dans le bureau de vote installé dans la mairie de Biarotte (Landes) car il avait été fait usage d’une urne non transparente en méconnaissance des dispositions de l’article L. 63 du code électoral (Décision du 28 septembre 2000).

    S’attarder sur le côté transparent des urnes traditionnelles permet de mettre en avant le folklore qui sera désormais mis en place par les collectivités pour donner artificiellement l’illusion à la populace d’une soit disante “sécurisation” des différentes étapes d’une élection utilisant des ordinateurs de vote. “Contrôles” dont le peuple est désormais totalement dépossédé. Citoyens qui doivent alors faire aveuglément confiance à des tiers (mandataires des listes en lice et assesseurs) qui ne sont là que pour cautionner une mise en scène dont ils se rendent naïvement (consciemment ?) complices. Quand on sait que l’accès au programme informatique des ordinateurs de vote est refusé à ces tiers (et bien sûr aux citoyens!) en raison de secrets industriels, on aurait de quoi vouloir se rouler par terre de rire si notre démocratie n’était concernée.

    La lecture du magazine municipal de la Ville de Brest “Sillage” numéro 128 (février/mars 2008) permet d'apprécier le comique de la chose. Quand la Ville de Brest indique “donner l’assurance” à tous les responsables de listes et à leurs mandataires “de ne pas utiliser deux fois de suite une même machine dans un bureau”, on comprend bien vite à quel point l’on prend les électeurs pour des imbéciles. A croire que ces chinoiseries de procédures au service d’une pseudo “sécurisation resserrée” (sic) seraient à même de remplacer le principe constitutionnel du contrôle des scrutins par chaque citoyen. Quand on lit toujours dans la revue municipale brestoise tout le pataquès technique et logistique qui sera mis en place à partir de 4h du matin (sic) avec “cellule de maintenance en alerte” (sic) toute la journée du scrutin, là on se dit qu’il y aurait assez de vessies pour éclairer la place de la Concorde un soir de pleine lune. Tout cela pour devoir attendre, “la loi l’impose” (sic), 20h00 pour la diffusion définitive des résultats officiels.

    Le citoyen qui s’intéresse un temps soit peu à ce dossier du vote électronique appréciera la volonté des élus brestois à se conformer à la loi, surtout lorsqu’elle est royalement bafouée lors de l’utilisation de ces ordinateurs de vote (en l’occurence à Brest ceux du fabricant NEDAP). A titre d’exemple pris à peine au hasard, lors des scrutins des 9 et 16 mars prochains, les électeurs brestois ne pourront constater, contrairement au Code électoral, que la reproduction du bulletin de vote correspondant à chaque liste (que la jurisprudence a assimilé au bulletin traditionnel) sur le pupître de vote des ordinateurs NEDAP ne reproduira pas la TOTALITE des noms des membres de chaque liste en lice.

    Ceux qui croyaient encore qu’une élection municipale dans les villes de plus de 3500 habitants s’apparentait à une élection de listes d’individus en seront pour leurs frais. Et encore, je n’imagine pas la situation si dans un bureau de vote un électeur s’autoriserait à contester à la fin du scrutin l’information communiquée par le fameux “ticket de caisse” imprimé par la machine, exigeant dès lors un recomptage manuel de tous les bulletins de vote! J’ai eu beau chercher un soupçon de réponse à cette situation dans la fameuse circulaire ministérielle du 1er février 2008portant sur l’utilisation des machines à voter à l’occasion des élections municipales et cantonales des 9 et 16 mars 2008”, je n’ai rien trouvé en dehors d’un autre pataquès rédactionnel qui a coup sûr sera brandit comme un parapluie institutionnel par les collectivités en cas de problèmes le jour des scrutins. Annoncer à l’électeur exigeant que la machine est “agréée” risque de n’être guère convaincant pour se substituer au recomptage de “bulletins” qui n’ont plus d’existence matérielle. Ainsi soit-il.

    Devrons nous en conséquence demander au législateur de modifier vers le bas le Code électoral pour permettre aux marchands d’ordinateurs de vote de continuer à vendre leurs matériels aux collectivités ou bien l’Etat français fera t-il à nouveau le choix comme en 1988 de privilégier le contrôle citoyen des élections par le retour à une utilisation généralisée d’urnes transparentes dont certains électeurs sont privés depuis déjà quatre longues années?

    Pour l’anecdote, à Brest les urnes transparentes furent acquises pour le “Référendum tramway” de 1990 (qui fait encore débat aujourd’hui) anticipant la mise ne vigueur de la loi de 1988.

  • Gestion de l'eau : parti pris du PCF pour Véolia

    Bretagne Nouvelle - janvier 2008En lisant le bulletin du mois de janvier 2008 du Comité régional du PCF en Bretagne, plus d'un militant communiste a dû ne pas en croire ses yeux en y trouvant une publicité pour l'opérateur privé Véolia. Avant d’accepter l’argent de Véolia en échange d’espace publicaitaire dans leur bulletin d’expresion politique, les élu-e-s communistes du Conseil régional auraient peut être dû s’intéresser de plus près au positionnement national de leur formation politique qui revendique une maîtrise et une gestion publique de l'eau. Le Parti communiste considérant la gestion privée de l’eau comme une source de profits scandaleux pour les multinationales. Comment pouvoir croire dorénavant à une totale indépendance et à une approche objective des communistes bretons dans les villes confrontées au débat sur le mode de gestion de l'eau. Comment faire confiance à ceux qui appellent à une gestion publique de l'eau en décembre et qui en janvier se fourvoient à faire la promotion des multinationales. A faire constament le grand écart entre les discours et la réalité des pratiques, le PCF breton risque de s'être définitivement abîmé le parti. En ce qui concerne la cité du Ponant et le retour à une éventuelle gestion publique de l'eau, les brestois seraient désormais bien naïfs à donner aujourd'hui un chèque en blanc à ceux qui voudraient noyer le poisson en renvoyant le débat à l'après municipales.

    Bretagne Nouvelle - pub Véolia

    Lire aussi :

    - Christophe Mongermont : « Il existe des relations étroites entre élus et Véolia »

    - Réaction de Madjid Messaoudenne, collaborateur de Patrick Braouzec, président de la Communauté d’agglomération Plaine Commune

    - Brest : Voix d'eau dans la campagne

    - L’eau sous pression citoyenne et politique
    Par Aline Chambras, journaliste - Territoires n°483 - décembre 2007

    - Daoulas abandonne son eau au privé.
    Par Gérard Borvon - www.landerneau-ecologie.org - jeudi 12 mars 2009

  • Souriez vous serez filmés

    Vers une société de surveillance ? ” s’interrogeait en juillet 2007 le journaliste Mikaël Cabon sur son blog. Après un exposé mettant en avant ses doutes sur l’efficacité de tels systèmes liberticides, Mikaël Cabon affichait clairement son sentiment sur la dérive sécuritaire de notre société : “ Contre la paranoïa ambiante, un réseau de caméras ne suffit pas à rassurer. Il étend cette paranoïa à l’ensemble de la population. « Il n’y a pas de fumée sans feu ", dit l’adage populaire. Il n’y a pas de feu sans pyromane non plus. Il est à craindre qu’ici le pyromane soit le pompier lui-même.”.

    Malheureusement à Brest la vidéosurveillance reste une vieille lune de la droite locale. A vouloir séduire une partie de l’électorat de l’UMP, Mikael Cabon devenu tête de liste du MoDem à l’élection municipale, n’hésite pas aujourd'hui à se positionner dorénavant en prescripteur d’une technologie dont il se faisait le détracteur quelques mois plus tôt . “ ...Nous proposerons la mise en place d’un système de vidéo-surveillance, là où c’est nécessaire, avec un système de floutage des visages, afin de ne pas porter atteinte à la liberté individuelle, et de défloutage en cas d’incivilités. ” annonçait dernièrement l’intéressé (Le Télégramme - 21/01/2008) . Comme si un système de floutage des images devait atténuer les atteintes à la vie privé que représentent de telles installations dont la pertinence a été mise en doute dans divers rapports.

    La majorité sortante a beau quant à elle afficher haut et fort son opposition à la vidéosurveillance, la liste Cuillandre devra tout de même clarifier elle aussi ses intentions en la matière. L'on peut en effet lire sur le nouveau site de BMO consacré au projet tramway que "...les stations éclairées la nuit et équipées de caméras de vidéo-surveillance sont directement reliées au poste de commande centralisé pour garantir une intervention rapide en cas de besoin. " Dans un article commentant largement cette petite phrase à l'apect anodine, l'auteur du blog brestois http://tramway.blogs.letelegramme.com n'hésite pas à constater que " le chantier du tram légitimera un début de vidéosurveillance [sur la voie publique] à Brest ".

    Qu'on soit dans la liste de la majorité sortante ou dans celle du MoDem, l'on ne peut prêcher à la fois tout et son contraire. A jouer avec le feu, l'on finit par se brûler les ailes. Les spéculations sécuritaires des uns et des autres risquent encore de faire couler beaucoup d'encre dans le landerneau électoral brestois.

     

  • Accueil des gens du voyage : question de volonté politique

    Dernièrement, les commune de Lampaul-Plouarzel et de Porspoder ont été confrontées à des installations “illicites” de gens du voyage sur des espaces non adaptés pour accueillir un nombre important d’habitats mobiles. Cette situation n’est pas nouvelle dans la région. Paradoxament, les élus locaux donnent à chaque fois l’impression de découvrir cette problèmatique sans que l’année suivante des dispositions soient concrétement prises pour répondre à l’arrivée de grands rassemblements de population itinérante.

    Depuis la loi Besson en 2000, l'Etat dispose d'un cadre législatif et des moyens financiers afin de permettre aux élus locaux d’apporter une réponse technique à l’aménagement d’aires d’accueil pour les gens du voyage que ce soit au niveau communal qu'intercommunal. Si la loi Besson relative a l’accueil des gens du voyage oblige les communes de plus de 5000 habitants d’aménager une aire d’accueil permanente pour les gens du voyage, ces espaces aménagés restent symboliques en nombre de places (40 pour le pays d’Iroise réparties entre Saint-Renan et Ploudalmézeau) et ne peuvent donc solutionner l'accueil des grands rassemblements estivaux. Comme semble l’ignorer le maire de Lampaul-Plouarzel, le schéma départemental d’accueil des gens du voyage du Finistère élaboré par le Préfet et le Conseil général en concertation avec les communes doit déterminer les emplacements succeptibles d’être utilisés temporairement à l’occasion des grands rassemblements traditionnels ou occasionnels. Comme le recommande ce document, le niveau intercommunal s’avére le plus pertinent. En l’occurence nul besoin de loi supplémentaire comme le suggére le suppléant du candidat socialiste aux prochaines législatives sur Brest-rural (sic) pour obliger les structures communautaires à aménager des terrains pour les grands rassemblements estivaux. La loi ne fait pas tout et les populations sédentaires apprécieraient sûrement plus que leurs élus s’approprient véritablement le dossier au niveau de la CCPI au lieu de participer au triste spectacle du concours d’élévation de talus ou du creusement de fossés afin de faire obstacle à la venue des caravanes dans leurs propres communes, espérant que ce soit le voisin qui ait à gérer la situation. Il appartient en outre aux élus de participer à réconcilier sédentaires et itinérants au lieu de contribuer à entretenir les clichés discriminatoires généralement associés à la population nomade, donnant du grain à moudre aux politiciens qui ont fait leur fond de commerce des discours de rejet sécuritaire.

    Quand la volonté politique est au rendez-vous les choses bougent vraiment. On pouvait lire dernièrement dans la presse locale que les élus du pays de Lorient avaient ainsi permis cet été à des missions évangéligues de s'installer en toute légalité sur leur territoire par la signature d'une convention d'occupation avec le représentant des gens du voyage. Les lorientais, après trois ans de travail et de rencontres, ont désormais fait le choix de privilégier chaque année une rotation des communes d'accueil. A espérer que ce type d'approche fasse désormais école.


    En savoir plus :

    - Loi Besson - Loi relative à l'accueil et à l'habitat des gens du voyage Loi n°2000-614 du 5 juillet 2000 - version consolidée au 16 juillet 2006

    - Circulaire interministérielle NOR/INT/D/0600074C du 03 août 2006 relative à la mise en oeuvre des prescriptions du schéma départemental d'accueil des gens du voyage

    - Circulaire n° 2003-43/UHC/DU1/11 du 8 juillet 2003 relative aux grands rassemblements des gens du voyage : terrains de grand passage

    - Schéma départemental d’accueil des gens du voyage du Finistère

    - gensduvoyage.com, le site du droit à l'attention des gens du voyage

    - Financement de la réhabilitation des sites occupés de manière illicite par les gens du voyage - Questions orales au gouvernement - Jacques Le Guen, Député du Finistère - Mardi 03 décembre 2002

    - France, pays des droits des Roms ?
    Gitans, "bohémiens", "gens du voyage", tsiganes... face aux pouvoirs publics depuis le 19ème siècle
    par Xavier Rothéa

  • Plateau des Capucins : une concertation en trompe-l'œil ?

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    A n'en pas douter les brestois portent un intérêt certain à l'aménagement du Plateau des Capucins comme l'a confirmé la fréquentation de l'exposition présentée cour de la Madeleine ainsi que l'affluence aux présentations publiques des projets proposés par les trois cabinets d'architectes-urbanistes retenus pour la phase de marché de définition. Cependant, après cette période de communication, les brestois peuvent encore légitimement s'interroger sur la manière dont le président François Cuillandre et la commission urbanisme de la communauté urbaine de Brest envisagent concrétement de mettre en place une véritable concertation avec les habitants. En décembre 2003, lors d'une réunion publique d'informations sur l'opération de renouvellement urbain (ORU) du quartier de Recouvrance, Annick Cléac'h, vice-présidente de Brest Métropole Océane, reconnaissait avec honnêteté que la communauté urbaine ne savait pas organiser de concertation avec la population et envisageait de faire appel au cabinet parisien Attitudes Urbaines afin d'animer cette phase de démocratie participative. Au final, pour des raisons qui dépassent le citoyen de base, cette collaboration ne s'est pas concrétisée. La confusion systèmatique entre les termes "communication" et "concertation" présents dans les propos de François Cuillandre lors de la réunion publique du 29 juin 2005 n'étaient pas pour rassurer les auditeurs sur le désir d'une réelle concertation avec la population de la part de nos élus.
     
    A ce stade de l'avancement du projet, on peut se demander si le cabinet d'architectes-urbanistes qui sera retenu à l'automne prochain aura réellement une marge de manœuvre afin de mettre en place un temps de concertation avec les habitants afin que l'aménagement du plateau des Capucins s'avère un projet partagé. On constate que la démocratie participative, à l'image du développement durable, ne se décrète pas et ne peut se limiter à de pieuses promesses en période électorale mais au contraire doit passer par une réelle évolution des pratiques politiques. A ce titre, on aurait pu s'attendre que les élu-e-s de BMO aient tiré un enseignement du rendez-vous manqué qui avait précédé le choix pré-décidé d'un mode de transport en site propre.
     
    Quoi qu'il en soit, pourquoi ne pas en profiter afin de remettre à plat le fonctionnement des conseils consultatifs de quartiers afin que ces instances de proximité puissent réellement assumer leur rôle de participation avec les habitants au lieu de donner l'impression d'apparaître comme de simples alibis médiatiques pour nos élu-e-s ?  On l'aura compris  en matière de concertation, notre collectivité n'aura rien à attendre à constamment jouer "petits bras". Il faudra plus qu'un livre d'or ou qu'une banderole accrochée au fronton de la mairie pour donner le change aux Brestois. Alors, dès aujourd'hui, que nos élu.e.s se décident enfin à changer de braquet afin de donner les moyens de construire avec la population le Brest de demain.